Pour la 8e année, dans la continuité des nombreuses actions menées en direction des lycéens et étudiants, le Festival La Rochelle Cinéma organisait un concours de la jeune critique (écrite, audio, vidéo), en partenariat avec l’Hôtel Saint-Nicolas de La Rochelle, Blink Blank, LaCinetek, le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, La Septième Obsession et Sofilm.
Pour participer, il fallait être âgé de moins de 30 ans et nous envoyer une critique écrite (300 à 600 mots), audio (moins de 2 min) ou vidéo (moins de 2 min) avant le dimanche 25.05.25 à 23:00 sur l’un des films programmés au Fema dans la rétrospective Claude Chabrol ou l’hommage à Pedro Almodovar.
Les lauréats
— 1er prix : Zoé Schulthess Marquet (24 ans)
INVITATION AU FEMA avec 2 accréditations et 2 deux nuits pour 2 personnes à l’Hôtel Saint-Nicolas de La Rochelle + 1 an d’adhésion au Syndicat Français de la Critique de Cinéma + 1 an d’abonnement à LaCinetek offert + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
À propos de La piel que habito de Pedro Almodóvar
Le fantasme de la peau comme écran
Chez Almodóvar, il y a toujours une obsession pour la surface : les textures, les étoffes, les chairs – ce qui recouvre, ce qui cache, ce qui ment. Avec La piel que habito, il pousse cette obsession jusqu’à l’absurde, jusqu’au vertige : faire de la peau elle-même un lieu de fiction. Non plus un simple motif, mais un véritable dispositif. Le corps devient support, la chair devient écran. Et le film, chirurgical jusque dans sa structure, s’enroule autour de cette idée folle : que l’identité peut être greffée comme un organe, imposée comme un rôle.
Almodóvar adapte librement Mygale de Jonquet, mais il s’en détache très vite. Ce n’est pas un thriller, ou plutôt : ce n’est pas seulement un thriller. C’est un essai plastique et tragique sur la dépossession du corps. Sur la fabrication d’un être. Le savant fou, ici, n’a pas les attributs grotesques d’un Frankenstein moderne : il est d’une rationalité glaçante, presque banale. Antonio Banderas, lisse comme une image de pub, incarne une forme de violence douce, souriante. Il ne tue pas, il modèle. Il ne viole pas, il transforme. Ce qui intéresse Almodóvar, ce n’est pas tant le choc de la révélation – qu’il dilue méthodiquement, jusqu’à en désamorcer toute charge spectaculaire – mais les interstices, les silences, les zones grises de la reconstruction. Le film opère par glissements, par couches superposées, comme la peau artificielle que Ledgard développe dans son laboratoire aseptisé. Rien n’est net, tout est feuilleté. Même la temporalité se replie sur elle-même, se contorsionne dans un montage elliptique qui refuse l’enchaînement logique. Il y a dans La piel que habito une forme d’anti-pathos, un refus de l’identification. Le spectateur est tenu à distance, volontairement. On ne ressent pas, on observe. Le plan est toujours trop parfait, trop composé, trop lisse pour qu’on puisse s’y abandonner. C’est un cinéma du refus : refus de l’émotion facile, refus de la monstruosité spectaculaire, refus de la morale. Et pourtant, quelque chose suinte. Quelque chose déborde. La douleur, peut-être – mais elle est toujours muette, toujours hors-champ. Lire la suite
— 2e prix : Célia Baechelen (18 ans)
INVITATION AU FEMA avec 2 accréditations et 2 nuits pour 2 personnes au Camping du soleil + 1 an d’abonnement à LaCinetek offert + un abonnement d’un an à la revue de cinéma Sofilm + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
À propos de Tout sur ma mère, de Pedro Almodóvar
Tout sur ma mère est un chant d’amour aux marginaux, une déclaration à la féminité plurielle. Chez Almodóvar, l’excès n’est jamais une faute de goût, mais une manière d’atteindre la vérité. Il ne s’agit pas de lisser les drames, mais de les embrasser dans toute leur extravagance, leur absurdité, leur intensité. Une mère perd son fils, une actrice perd sa compagne, une religieuse perd ses repères, mais dans cet enchaînement de douleurs, aucune ne se perd totalement. C’est la force du film : il montre la débâcle sans jamais céder au désespoir. Lire la suite
— 3e prix : Marie Ena (22 ans)
INVITATION AU FEMA avec 1 accréditation + 1 abonnement d’1 an à la revue La Septième Obsession + 1 abonnement d’un an à la revue du film d’animation Blink Blank (2 n° offerts) + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
A propos de Que la bête meure de Claude Chabrol
De fait, le sort de l’homme et celui de la bête sont les mêmes :
L’un meurt, l’autre aussi.
(L’Ecclésiaste, 3 : 19-22)
Pour ouvrir et clore son film, Claude Chabrol choisit son glas : le premier Lied des Quatre chants sérieux de Johannes Brahms, sublime variation sur l’Ecclésiaste, portée par la voix sépulcrale de Kathleen Ferrier. Ce chant funeste plane sur le ciel breton tel le cri d’une Érinye, annonçant la tragédie à venir : un quadrige noir s’élance sur l’enfant Michel, avant de l’emporter dans la nuit.
Adapté du roman anglais de Cecil Day-Lewis, Que la bête meure s’ouvre sur une perte : un enfant est fauché par une voiture, dont le conducteur prend la fuite. Charles Thénier, père du garçon et écrivain solitaire, décide de retrouver le meurtrier pour le tuer.
À l’instar des tragédies d’Euripide ou d’Eschyle, Que la bête meure se déploie comme un conte moral sombre, une exploration glacée de la condition partagée des hommes et des bêtes. Où commence la pulsion, où s’arrête la nécessité ? Destinée ou possibilité de réinvention ? Lire la suite
— Mention spéciale du jury : Mathilde Pois (25 ans)
4e prix : INVITATION AU FEMA avec 1 accréditation + L’affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
À propos de Les Biches, de Claude Chabrol
Les Biches ou l’anatomie d’une chute bourgeoise
Avec Les Biches (1968), Claude Chabrol s’attaque à l’anatomie silencieuse de la domination sociale. Derrière la sensualité trouble de cette étude de caractère, le cinéaste orchestre une lente montée en tension où la violence de classe se mue en tragédie.
Dès les premières images, le dispositif chabrolien impose sa hiérarchie silencieuse: la caméra suit Frédérique (Stéphane Audran), silhouette élégante, noble, enveloppée d’un manteau de fourrure, dont la démarche assurée préétablit déjà les rôles. Why (Jacqueline Sassard) est filmée en plongée, vulnérable, réduite à l’attente. Un geste suffit : l’aumône déguisée en billet trahit la condescendance. La bourgeoisie, chez Chabrol, s’avance masquée, prédatrice sous les atours de la bienveillance. Frédérique rôde, évalue, puis referme sa prise. Elle recueille la jeune artiste chez elle. Lire la suite
Le jury du concours
- Philippe Rouyer (critique à Positif)
- Lucas Aubry (Rédacteur en chef adjoint de SoFilm)
- Séverine Danflous (Écrivaine et critique à Culturopoing, Transfuge)
- Mathilde Grasset (Lauréate Prix Jeune critique du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, critique Cahiers du cinéma)
Calendrier
- MER 16.04 : Ouverture du concours
- DIM 25.05 (à 23:00) : Date limite de réception des critiques
- MER 04.06 : Annonce des résultats
Les prix
- 1er prix : INVITATION AU FEMA avec 2 accréditations et 2 deux nuits pour 2 personnes à l’Hôtel Saint-Nicolas de La Rochelle + 1 an d’adhésion au Syndicat Français de la Critique de Cinéma + 1 an d’abonnement à LaCinetek offert + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
- 2e prix : INVITATION AU FEMA avec 2 accréditations et 2 nuits pour 2 personnes au Camping du soleil + 1 an d’abonnement à LaCinetek offert + un abonnement d’un an à la revue de cinéma Sofilm + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
- 3e prix : INVITATION AU FEMA avec 1 accréditation + 1 abonnement d’1 an à la revue La Septième Obsession + 1 abonnement d’un an à la revue du film d’animation Blink Blank (2 n° offerts) + affiche du Fema 2025 + un DVD/blu-ray
Les 3 lauréats seront accueillis au Fema et pourront rencontrer des invités et des professionnels (cinéastes, techniciens, critiques, membres de l’équipe du festival, etc.).
Les lauréats verront leur critique publiée/diffusée sur le site et les réseaux sociaux du Fema et de LaCinetek et le journal du Fema Derrière L’écran.
La liste des films
RÉTROSPECTIVE Claude Chabrol
- Le Beau Serge (1958)
- Les Cousins (1959)
- Les Bonnes Femmes (1960)
- Les Godelureaux (1961)
- Landru (1962)
- Les Biches (1968)
- La Femme infidèle (1969)
- Que la bête meure (1969)
- Le Boucher (1970)
- La Rupture (1970)
- Juste avant la nuit (1971)
- Les Noces rouges (1973)
HOMMAGE Pedro Almodóvar
- Dans les ténèbres (1983)
- Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? (1984)
- Matador (1986)
- La Loi du Désir (1987)
- Femmes au bord de la crise de nerfs (1988)
- Attache-moi ! (1990)
- Talons aiguilles (1991)
- Tout sur ma mère (1999)
- Parle avec elle (2002)
- La Mauvaise Éducation (2004)
- Volver (2006)
- Étreintes brisées (2009)
- La Piel que habito (2011)
- Douleur et Gloire (2019)
- Madres paralelas (2021)
- La Chambre d’à côté (2024)
Les partenaires
Les précédents lauréats
2024 : 1. Lou Leoty, 21 ans – 2. Mathilde Pois, 24 ans – 3. Manon Grandières, 22 ans – 4. Emma Poesy, 24 ans – 5. Chloé Cluzel, 21 ans
— Lire les textes
2023 : 1. Hugo Kramer, 24 ans – 2. Costal Robin-Lacourt, 21 ans – 3. Toussaint Mouzet, 28 ans – 4. Théodore Anglio-Longre, 25 ans – 5. Lucas Gayda, 19 ans
— Lire les textes
2022 : 1. Lilian Fanara, 23 ans — 2. Julien Fournier, 21 ans — 3. Phoenix Agneessens, 23 ans — 4. Manon Inami, 24 ans — Sarah Yaacoub, 26 ans
— Lire les textes
2021 : 1. Sarah Ackerer, 25 ans — 2. Maël Mubalegh, 24 ans — 3. Matthias Couquet, 27 ans — 4. Anna Fournier, 28 ans — Camille Solans, 25 ans
— Lire les textes
2019 : 1. Alexiane Trapp, 21 ans — 2. Arnaud Pouzargues, 23 ans — 3. Juliette Sergent, 23 ans — 4. Alessia Petrozzi, 18 ans — 5. Coline Drouhaud, 18 ans
— Lire les textes
2018 : 1. Lucile Clavier, 20 ans — 2. Melaine Meunier, 22 ans — 3. Camille Martin Donati, 24 ans — 4. Victor Morozov, 24 ans — 5. Mahaut Thebault, 20 ans
— Lire les textes
2017 : 1. Alain Zind, 26 ans — 2. Azilys Tanneau, 20 ans — 3. Thomas Pietrois-Chabassier, 30 ans
— Lire les textes