Nuit blanche extrême et asiatique

Yves Montmayeur

Rien n’est plus vrai que d’associer la cinématographie asiatique aux extrêmes. L’Extrême-Orient méritant plus que jamais sa dénomination au regard des excès contenus dans les flux d’images en provenance des pays asiatiques. Depuis déjà une vingtaine d’années maintenant, des films de Hong Kong, et du Japon emportés tout d’abord par John Woo, Wong Kar-wai, Tsui Hark, Takeshi Kitano, Hayao Miyazaki, et puis plus récemment des œuvres issues de Corée et de Thaïlande, ont littéralement modifié notre perception occidentale du cinéma. Rythme, espace, narration, interprétation : tous nos vieux codes de vision ont soudainement volé en éclats. Au point même de voir nos industries cinématographiques, Hollywood en tête, se mettre à reconsidérer leur grammaire visuelle.

Dès lors la cinématographie asiatique, dite de la 3e voie, allait revitaliser nos écrans ! Il était temps ! Trop de mariages consanguins ayant fini par bien épuiser notre imaginaire visuel. Et c’est bien sûr le cinéma de genre « made in asia », du polar au film d’horreur qui s’est d’abord hissé au rang de nouvelle référence mondiale, preuve indéniable de la maestria fulgurante de ces nouveaux auteurs issus de cet Orient Extrême ! Décomplexés, sans tabous, ceux-ci refusent à l’instar de leur public d’opposer le Cinéma d’Auteur au Cinéma commercial, ou encore les classifications inutiles entre « film en images réel » et « film d’animation».

Le film qui ouvre cette programmation nocturne est justement un film d’animation. Mais quel est le spectateur qui, après dix minutes de vision hypnotique de Triangle suivant celui du cadavre exquis, où chacun des trois réalisateurs reprend le fil de l’histoire en s’amusant l’un après l’autre à injecter une bonne dose de chaos jubilatoire à l’intérieur de cette histoire rocambolesque qui vire du polar au fantastique.