Germain fait sa télé

Tout seul chez lui, dans son appartement, Germain fait sa télé. Pendant qu’il se brosse les dents ou qu’il cherche un œuf dans le réfrigérateur, il reprend en play-back les voix des protagonistes du petit écran. En détournant les bandes sons des programmes télé et en les plaquant sur les images de « son quotidien », il se produit un décalage opérant comme un filtre, qui permet au spectateur d’accéder à un autre niveau de lecture. La mise en relief de la bande son dépouillée de son image d’origine dévoile la pauvreté imaginaire et révèle parfois les propos idéologiques ou les « messages » cachés derrière les apparences spectaculaires. Capable de figurer quiconque passe à la télévision, Germain incarne, au sens propre, la télévision toute entière et souligne avec un humour corrosif les effets de projection et d’identification du spectateur face au petit écran. Les trois minutes trente de mise en perspective qu’il propose agissent comme un révélateur sur la fascination inévitable, positive ou négative, que la télé exerce sur notre quotidien.